L’Apollon (Parnassius apollo) exige des espaces ouverts, pelouses ou éboulis ensoleillés entre 600 et 2 500 mètres d’altitude. Ce papillon a vu ses populations françaises régresser, voire disparaître sur certaines parties du territoire national ces dernières décennies, potentiellement en raison des changements climatiques. L’évolution des pratiques pastorales pourrait également expliquer une partie de ce déclin, notamment sur les causses méridionaux. Une étude-pilote a été lancée en 2018 sur plusieurs causses du Parc national des Cévennes. Elle se base sur un dénombrement des chenilles d’Apollon au cours de trois passages réalisés en mai sur 168 dalles à orpin. A partir des données collectées, nous avons estimé une probabilité d’occupation des dalles par les chenilles de 0,46 [IC95% 0,39-0,54] par une modélisation en site-occupancy et une abondance moyenne par dalle de 0,71 [IC95% 0,43-1,1] par des modèles en N-mixture. La probabilité de détection moyenne de l’espèce est de 0,77 [IC95% 0,71-0,83]. Elle augmente avec l’avancée de leur stade de développement. Sur la base de ces résultats, nous fournissons plusieurs recommandations pour le déploiement de ce protocole dans les prochaines années sur les causses du Parc national des Cévennes. Il permettra ainsi de renseigner les changements de répartition et d’abondance de cette espèce sur le long terme en lien avec le changement climatique. Certaines mesures pour maintenir les populations relictuelles pourraient être encouragées. Ce document justifie les choix méthodologiques réalisés et propose un cadre pour le recueil, le stockage et l’analyse des données. Il fixe également les moyens logistiques nécessaires à la mise en oeuvre du protocole proposé. L’ensemble de ces informations garantit la pérennité de l’étude sur le long terme. L’élaboration de ce protocole s’inscrit dans le cadre d’une coopération entre l’Office Français de la Biodiversité et le Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive. Cette coopération lancée en 2018 vise à mettre en place un appui méthodologique et statistique pour un transfert continu de compétences, de savoirs, de méthodes, vers les gestionnaires des parcs nationaux et des autres aires protégées.